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laviemédiocre

21 janvier 2024

la décadence de l'intellectuel de gauche

"la décadence de l'intellectuel de gauche"

Nous changeons de paradigme et vivons une période qui bouleverse toutes les normes intellectuelles et psychologiques; le lettré, celui que le peuple percevait jusqu'alors comme l'homme cultivé, était une sorte de référence. Les paroles et les écrits de certains philosophes ou écrivains étaient considérés par certaines catégories qui se pensaient "éclairées" comme l'expression des voix et des "combats" qui conduiraient vers une société plus juste. La plupart des membres de cette caste de "lettrés" se considéraient comme plus informés, éduqués que la grande masse de la population qu'ils méprisaient intérieurement. En réalité, leur critique morale des injustices était plus une position éthique qu'une réelle remise en cause des rapports sociaux où une classe ou plutôt une oligarchie exerce le pouvoir culturel, politique et économique. Les intellectuels n'acceptent les classes populaires que comme spectatrices et admiratrices de leur image. Au fond d'eux-mêmes, ils désirent diriger les foules qu'ils ridiculisent, caricaturent et méprisent. Le vieux "florentin" vicieux Mitterrand comprit ce désir de reconnaissance et de toute puissance des intellectuels en se proclamant comme l'un des leurs et en s'entourant de courtisans écrivains ou penseurs. Encore aujourd'hui, de petits intellectuels placés au sein des media d'information continuent d'être les thuriféraires du vieux "monarque" qui se pensait destiné à diriger les masses car il se croyait porteur "des forces de l'esprit". Malheureusement pour elle , l'intelligentsia oligarchique qui a le pouvoir de la parole dans les medias est de moins entendue. Le peuple a enfin réalisé que cette caste de "lettrés" imbus de leurs propres personnages n'ont finalement rien à proposer pour améliorer les relations sociales et individuelles. Les prétendus philosophes, les "chouchous" des débats et les journalistes ne font qu'exprimer une opinion parmi d'autres souvent teintée de "moraline" ni plus ni moins inéressante que celle d'un expert ou même d'un citoyen informé. Je pense que, depuis la fin des annnées 1990, le peuple réel méprise ces intellectuels dits  engagés. C'est une évolution qu'il faut comprendre et accepter car elle est logique et juste. 

Depuis au moins Platon, les philosophes et intellectuels méprisent le peuple et les travailleurs manuels. Le sage platonicien serait celui qui serait sorti de la pénombre de la Caverne pour accéder au "royaume ensoleillé" de la Connaissance par un travail rationnel. Aristote justifie l'esclavage. Les travailleurs ne seraient que des sous-hommes attachés aux biens matériels et soumis aux passions "bestiales". L' accomplissement vertueux de l'homme ne semble accesssible qu'à ceux qui ont accès au savoir en conscience. A quelques rares exceptions, cette idée platonicienne de supériorité des intellectuels sur les autres êtres humains sera toujours reconnue comme évidente par les philosophes jusqu'à aujourd'hui. Certains philosophes ont même voulu devenir les idéologues, conseillers des dirigeants politiques. Ces tentatives d'adapter la théorie à la pratique sociale se sont d'ailleurs terminés souvent par des échecs lamentables. Nous avons surtout connu, en ce qui nous concerne, médiocres gens de la deuxième moitié du 20° siècle, "l'intellectuel dit engagé". Après l'affaire Dreyfus puis après la Libération de 1945, un certain nombre d'intellectuels littéraires se sont dits engagés, au côté du peuple. En réalité leur engagement était surtout auprès des partis politiques: le Parti communiste d'abord (Picasso, Aragon, Eluard, Althusser...) puis dans les années 70 le Parti Socialiste (Régis Debray, Edgar Morin, Bernard Henry Lévy, Julliard...). Ce mythe de l'intellectuel engagé qui porterait la parole et l'espoir des exclus, des exploités et des victimes du capitalisme fut particulièrement évidente dans l'après Mai 68. Une partie de la jeunesse et plus généralement des "petits bourgeois" dont je fais partie (étudiants, enseignants, petits bureaucrates du monde du spectacle ou de la communicationetc.) s'engagèrent dans des organisations ayant une "teinture" marxiste léniniste, trotskyste ou maoïste..De futurs intellectuels, quelquefois issus de grandes écoles comme l'Ecole Normale Supérieure, en assuraient la direction qui se disait "prolétarienne". Des intellectuels reconnus comme Sartre, De Beauvoir, Deleuze, Foucauld soutenaient ce délire, démontrant, s'il le fallait, l'inanité concrète de leurs pensées politiques, économiques et sociales. La plupart de ces "grands penseurs" finiront au Parti Socialiste puis pour ceux qui ont survécu chez les Macronistes, le degré zéro de l'idéalisme. Ce ralliement de la majorité des intellectuels dits engagés envers les "Maîtres" qui détiennent la puissance économique et le capital est une des causes de la désaffection au double sens du terme (fin d'affection) de pas mal de citoyens engagés puis écoeurés. Une des conséquences les plus remarquables de cette désaffection est la montée de l'abstention à chaque élection. Le désintérêt pour les  débats entre technocrates de gauche ou de droite qui dirigent alternativement le pays tout en respectant les grandes lois financières du système capitaliste et les grands équilibres internationaux ne cesse de croître. Le citoyen moyen devenu individualiste préfère consommer des plaisirs et des loisirs au sein d'un cercle d'amis et de parents. Il n'attend des politiques, quels qu'ils soient, que des résultats concrets pour son bien-être et il a bien raison car il a compris que les dirigeants n'ont eux aussi en vue que leur intérêt. Les oligarques qui nous gouvernent actuellement ont compris le danger de cette désaffection populaire en multipliant les cérémonies symboliques commémoratives mais ils sont tellement dévalorisés que leurs "pitreries" patriotiques ne trompent presque plus personne. le discours moral citoyen n'est plus un leurre. De plus en plus de citoyens comprennent que les puissants n'ont en vue que le maintien de leurs intérêts matériels et hédonistes.

Au moins trois  raisons me paraissent expliquer la désaffection populaire vis à vis des intellectuels:

1- La fin de la croyance aux discours mythiques. Les idées ne changent pas le monde et les discours des philosophes actuels ne se distinguent pas de ceux d'un citoyen informé car ils n'ont aucune vision de l'avenir. Luc Ferry à droite, Comte-Sponville ou même Michel Onfray ne parlent que de l'actualité sous un jour moraliste. C'est le discours d'une éthique convenue et ceci est valable pour tous ces penseurs qui "envahissent" les plateaux de télévision. Comment voulez-vous vous passionner pour des pensées évidentes si ce n'est médiocre? Le peuple a pris conscience de l'indigence de la pensée intellectuelle politique contemporaine. Ce désintérêt est également une des conséquences de l'écroulement des régimes prétendument socialistes de l'est de l'Europe et l''échec d'une troisième voie (social-démocrate) entre socialisme et libéralisme. La grande majorité de ceux qui croyaient lutter pour le progrès social et humain a compris que tous les dirigeants étaient hypocrites et même menteurs. Et comme le système est assez puissant pour ne plus être remis en cause, on abandonne la réflexion citoyenne collective pour se replier vers les plaisirs individuels et communautaires.

2- Les intellectuels qui se prétendent engagés sont de moins en moins considérés. Après l'affaire Dreyfus et jusqu'au milieu des années 1970, ils disaient lutter pour le peuple et plus particulièrement pour le prolétariat. La lutte concernait la justice sociale, l'égalité et la dignité pour tous. Peu à peu ces revendications sont passées au second plan; d'autres thématiques se sont associées aux premières revendications. La lutte antirasciste, le féminisme et enfin les demandes d'égalité des droits pour les homosexuels ont cohabité avec le marxisme et sa théorie du matérialisme historique ("toute l'histoire de l'humanité est l'histoire de la lutte des prolétaires"). Mais l'évolution économique de nos pays occidentaux a fait que la partie ouvrière de la société est devenue minoritaire et qu'il y a eu durant les trente "glorieuses" (1950 à 1980) un certain embourgeoisement social avec l'accès de plus en plus de gens à la société de consommation. Nos intellectuels engagés sont devenus les porte-paroles des minorités ce qui est a priori fort louable si ce n'est qu'après avoir obtenu les droits essentiels (droit à l'avortement et à la contraception, mariage homosexuel etc. ), la partie revendicative est devenue l'idéologie dite "woke". Cette idéologie qui rassemble des groupes sociaux et des volontés disparates et parfois contradictoires (la lutte antiraciste, par exemple, est bien plus urgente et sensible  que celle des femmes réclamant des postes de dirigeantes économiques et politiques, à mon avis). L'idéologie woke est mal perçue et plus souvent ignorée par le peuple. Les revendications s'appuient souvent sur des faits divers ou des propositions délirantes. Ce sont parfois des "fantasmes" de la vie privée qui déconsidérent ceux qui les proposent. Les intellectuels engagés, porteurs de ces "fantasmes", en dehors du moindre bon sens sont totalement déconsidérés; Pour de plus en plus de gens, ils apparaissent comme une minorité bruyante et une caste inutile vivant au crochet de la société.

3- Enfin il faut affirmer que c'est le crépuscule de l'exception culturelle française dans le monde. De moins en moins de gens parlent français et notre grande littérature est un souvenir du passé. Notre pays décline tant politiquement qu'économiquement peu à peu. C'est difficile à accepter pour les orgueilleux Français mais c'est la réalité. Les collégiens et lycéens de notre pays donnent d'ailleurs la priorité aux enseignements scientifiques et technologiques. L'enseignement littéraire devient un moyen, une méthode de conviction ayant pour but l'utilité sociale. Aux textes de nos grands écrivains se substituent les discours moralistes, informatifs ou publicitaires. Le pragmatisme de nos enfants l'emportent sur les idéaux; L'engagement militant de nombreux jeunes pour l'écologie me semble bien être une preuve de ce pragmatisme: il traduit une préférence pour les luttes concrètes et pratiques et un rejet des idéologies politiciennes. L'enseignement de l'esprit critique qui était la base des études passées dites des "humanités" tend à devenir un souvenir même si les textes officiels affirment le contraire. 

La philosophie pragmatique anglo-saxonne s'est imposée; l'utilitarisme devient la norme d'une société où "il faut désirer ce que les autres désirent" (Jean claude Michéa). Les algorithmes de l'intelligence artificielle connaissent les désirs et manipulent les âmes de plus en plus de gens. Les intellectuels croient encore à leur pouvoir mais une vedette de cinéma, un chanteur et même un adolescent influenceur a plus de pouvoir qu'un professeur. On peut s'en désoler mais c'est notre monde. Il faut le savoir même si on ne l'accepte pas.  

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15 août 2023

le marais à venir??

Que restera-t-il de moi? Rien si ce n'est quelques mots qui disparaîtront avec le temps. S'en souviendront mes enfants, peut-être mes petits enfants puis s'en aller... C'est normal. Alors je veux jouer à la fiction de la prévision. Quand vous lirez ceci, les enfants, je ne serai plus. J'espère dépeindre quelque chose qui ressemblera un peu à votre environnement. Amusez-vous à repérer toutes mes errreurs dues à des idées périmées comme les boîtes de conserve.

Parlons d'abord de ce début de 21° siècle, tel que je le vois. Le "marchand" est la référence de notre société. Il en est le produit et en est même devenu la marque, la vraie caractéristique. Notre civilisation dite occidentale  est totalement matérialiste entre, d'un côté, le "marais",  une grande masse obnubilée par l'apparence que procure la possession de biens individuels: logements, voitures, articles ménagers et culturels etc. De l'autre une minorité infime qui possède les moyens de production et de consommation assistée par une oligarchie nombreuse, bureaucratique, technologique et scientifique qui change ce monde en excluant l'Etre du processus de fabrication et surtout de conception.

Automatisation, robotisation deviennent les normes de la production tant industrielle qu'agricole, en excluant l'homme qui travaille. L'intelligence artificielle se développera à un tel degré que même le secteur des services en sera totalement transformée. Le "marais" (la grande masse de la population aliénée à la consommation et au spectacle) se réjouira de cette évolution qui tend à lui assurer la tranquillité du bonheur qu'elle croit désirer. Le contrôle social s'accroîtra avec l'utilisation de l'IA, l'automatisation et la robotisation mais il y aura très peu de critique et de protestation car le peuple croit que la marchandisation de la société s'accroît pour le bien de tous. La sécurité et la santé, en particulier sont les vecteurs, moteurs de cette révolution technologique. La demande de sécurité (caméras, alarmes, robots...) devient une priorité pour ceux qui sont bien intégrés socialement et ont peur des marginaux et, en général, de toutes les personnes qui ne sont pas dans leur norme. Quant à la santé: C'est le rêve bien humain de ne plus souffrir, ni d'être malade? Contrôle de son corps, médicament, prothèse nous conduisent vers le transhumanisme et le rêve de l'immortalité.

Les intellectuels littéraires (philosophes, historiens, poètes...) qui craignaient cette évolution irrationnelles ne seront plus nécessaires dans une telle société dominée par la technologie et la marchandisation de l'individu aliéné. Pourquoi analyser le passé et les textes? Seul le présent et surtout l'avenir de la science seront essentiels. Les intellectuels rationalistes ne devraient avoir qu'un rôle secondaire pour justifier les bienfaits du système et éviter l'ennui qui pourrait guetter certains individus du "marais". Ce sera également la fonction des nombreux "artistes" ou "sportifs de l'extrème" dont les "exploits ou oeuvres susciteront l'admiration des foules à la culture générale limitée car inutile. Le monde de la sensibilité émotionnelle, du spectacle sera Roi et les restes fossilisés des platoniciens qui continueront à penser qu'il serait souhaitable que les Sages, les philosophes dirigent la Cité en inspirant les politiques ne seront plus que des théoriciens dépasés et moqués. Ce monde nouveau complexe , proche des anticipatrions du livre de Aldous Huxley aura besoin de dirigeants gestionnaires entourés d'une caste bureaucratique supérieure composée d'économistes, psycho-sociologues publicitaires, de linguistes maîtres de la rhétorique nécessaire pour intéresser le marais aux débats factices des politiciens. Comme tous les programmes politiques seront presque semblables (croissance technologique, projets "pharaonniques"d'urbanisation, d'écologie, de spectacles ou de jeux etc.) les émotions populaire feront la différence entre les candidats au pouvoir qui se méfieront de tout ce qui sollicite la raison, mère du doute et de la critique. Ni plus ni moins, la politique deviendra un spectacle pratiqué par quelques spécialistes et la plupart des "toujours citoyens" ne penseront qu'à leur jouissance personnelle dans une société qui renouvellera sans cesse leur plaisir. C'est ce que souhaitent déjà nos dirigeants mais les contradictions qui s'opposeront à une telle évolution "idyllique" pour les ambitieux qui ont la puissance illusoire de diriger seront nombreuses et prioritairement il y aura l'opposition de toute la masse de la population exclue du système hédoniste.

Mes enfants, vous allez de plus en plus vivre dans une société de haute technologie marchande qui peut faire rêver. A moins que... Car il y aura quelques problèmes à résoudre. Une des conséquences négatives, ce sera pour une grande partie de la population un travail véritablement et totalement dévalorisé en tant qu'auxilliaire de la haute technologie. On est déjà dans cette voie, avec l'excroissance d'emplois peu qualifiés liés à la vente, l'achat, le marketing, la publicité, les services à la personne, l'entretien.. Même avec la demande de bien-être, on doit craindre que de plus en plus de personnes souffrent du spleen, d'un ennui généralisée et du désespoir. Beaucoup ne trouveront comme exutoire que les loisirs "formatés" et "sécurisés". Ce sera, bien sûr, la fortune pour les psychologues compétents ou même charlatans mais je pense, mes enfants, qu'il faut vous préparer à vous protéger de ce mal de l'âme, de la dépression de se sentir RIEN, ce que vous ne pouvez faire qu'en ayant une part de culture et de spiritualité dans votre existence.

Le plus grave sera, néanmoins que ce "meilleur des mondes" ne sera réservé qu'à certains pays dirigeants et à certaines couches privilégiés de la population dans ces régions. La peur règnera car on craindra toujours la révolte des "exclus" du prétendu progrès, des précaires qui feront les travaux les plus pénibles et salissants à côté des robots ou qui même seront au chômage. La demande de sécurité du "marais" ne fera que s'accroître, les gouvernements seront de plus en plus répressifs...mais démocratiques!!! Je pense qu'il y aura le risque de résurgences de tribus telles que les définit le sociologue Michel Maffesoli: la réunion d'un groupe autour d'idéologies, de passions et d'émotions partagées en commun. Ces communautarismes dont certains peuvent avoir une coloration religieuse peuvent engendrer des tensions et actions violentes asociales. La violence guette la société du "meilleur des mondes" et la peur sera omni-présente avec une demande croissante de sécurité assurée par des forces de "répression" publiques et privées.

Une autre évolution est-elle possible? Peut-être mais j'en doute. Le mouvement dit ouvrier s'est intégré à cette société de la marchandise et de consommation. Un mouvement frémissant de contestation existe pourtant avec des revendications surtout écologiques mais aussi liées au socialisme. Il n'existera réellement que s'il arrive à rassurer "le marais" majoritaire qui rejette toute violence même contestataire. Il lui faudra donc remettre en cause les théories issus des vieilles réflexions socialistes datant de la fin deuxième moitié du 19° siècle qui s'inspirent de la révolution française et puis de celle de 1917. Marx a été un excellent analyste de la naissance du capitalisme, il a même été parfois visionnaire mais la réalité de nos sociétés rend certaines de ses thèses matérialistes obsolètes. On n'achète plus seulement la valeur d'usage d'une marchandise dans nos sociétés mais une marque ou un service dont a suscité en nous le désir.

C'est d'abord à l'intérieur de nous-mêmes qu'il faut faire la révolution pour changer notre manière de vivre puis d'en susciter le désir chez les autres. La révolution sera donc d'abord spirituelle. Pour éviter le morcellement en communautés séparées, il sera nécessaire de métisser nos relations humaines et sociales. La non-violence sera le seul moyen de s'écouter, se comprendre, s'aimer. Tout viendra des intiatives de la base par des changements de mode de vie et de pensée individuels et collectifs. Ensuite, il faudra s'attaquer au grand capital financier et à ses détenteurs, par le contrôle public (des banques particulièrement)en revenant aux idées de coopération et de mutuellisme (bizarre retour à la pensée de Proudhon). Il faudra aussi respecter les petites et moyennes entreprises car même si leurs dirigeants sont souvent les pires des conservateurs, ils sacrifient souvent une grande partie de leur vie pour leur création et production. La société doit leur en savoir gré et le leur dire (une seule condition qu'ils soient justes avec leur personnel mais souvent le fonctionnement de ces entreprises est presque familial). Ceux qui doivent être touchés ce sont les grosses fortunes et les trop hauts revenus: je trouve d'ailleurs que les programmes politiques actuels sont pour le moins timorés sur cette question quand ils en parlent!!!. En outre, des mesures ciblées et coercitives dans ce domaine seraient populaires..

Ce n'est pas un programme mais quelques idées, peut-être "farfelues" de ma part, qui pourraient engendrer une transformation créatrice face à une société où l'homme deviendrait lui-même chose, marchandise (un être réifié). Mes enfants, cette évolution sera longue, elle nécessitera beaucoup de temps et de persévérance pour exister car tout viendra des initiatives personnelles prises à la base, ce qui rappelle les réflexions des premiers anarcho-libertaires qui n'attendaient rien du pouvoir central (même si par certaines aides les gouvernements pourraient favoriser ces évolutions). La société tecnologique, réifiée et marchande qui vient peut vous assurer un certain bien-être de consommation mais elle est bien menacée et suscitera l'envie et la colère. Je vous souhaite de tout faire pour empêcher que la barbarie ne triomphe en allant vers les autres qui n'ont pas la chance de faire partie du marais intégré ou de vivre dans un des pays développés dominants. Vivez dans l'espérance de l'amour des autres, l'Agapé de la Grèce antique, la charité et l'espérance des premiers chrétiens. La lumière du bonheur est en vous pour rayonner dans le monde. Bon courage et bonne continuation.            Un médiocre parmi les autres.

6 mars 2023

2022 ou l'année médiocre

Mes enfants, ces quelques lignes ne sont que l'état de ma réflexion actuelle. A-t-elle quelque rapport avec la vérité ou la réalité des choses? La vérité n'est pas du ressort d'un individu, aussi doué soit-il, et je ne suis qu'un médiocre parmi d'autres mais peut-être peut-on approcher la réalité des faits sociaux et des événements, en exprimant son ressenti, en échangeant vers la recherche de la sagesse par l'amour de l'autre que les Grecs appelaient agapé

L'année 2022 vient de s'achever.  Rien ne change, tout continue comme avant même si l'apparence de débat politique intéresse  encore queques citoyens aliénés par de prétendues informations nouvelles nécessaires au fonctionnement de nos vieilles démocraties  libérales. En réalité, sur le fond, les mêmes acteurs jouent les mêmes scènes du spectacle de l'ennui qui caractérise le fonctionnement d'un système obsolète composé d'institutions vieillies, ignorées ou méprisées  par la grande majorité des citoyens. 

  Comme on pouvait le prévoir le président de la République française a été réélu.  Les politologues ont d'ailleurs eu beaucoup de mal pour intéresser les citoyens à ce simulacre de "consultation populaire" et l'on doit se réjouir que de moins en moins de citoyens perdent leur temps pour se rendre aux urnes; ils ont compris que le "cirque électoral" ne consiste qu'à choisir un simple gestionnaire. N'importe quel énarque ou personnage public peut se charger (quel sacrifice! quelle vanité!) du job. Quel que soit l'élu(e), les rapports sociaux resteront les mêmes, les décisions politiques dépendront des évolutions économiques et des contradictions développées par le système capitaliste.

Tous les politiques sont favorables aux mêmes mesures, à la réindustrialisation, à une économie verte et décarbonée, à la lutte contre l'inflation, au maintien d'une société injuste mais de "bonne" consommation. Tous jurent que le premier de leur devoir est d'assurer la sécurité intérieure. Conséquence: Les hommes dits d'Etat sont évidemment interchangeables. Quel que ce soit le ou la président(e), la situation sera la même car la marge de manoeuvre n'est que minime au niveau budgétaire et les financiers ont le monopole du pouvoir. Les quelques subsides, primes, augmentations accordés comme aumône au peuple le seraient par n'importe quel piteux gouvernement. De plus en plus de citoyens comprennent que ce sont les possesseurs de capitaux qui dirigent réellement le pays. De plus en plus de personnes conscientes se disent: "peu importe le flacon", nous n'aurons pas l'ivresse.

A part les détails et les priorités de leurs idéologies, les groupements partisans, dans les démocraties occidentales, que ce soit les sociaux-démocrates, les libéraux ou les nationalistes conduisent à peu près la même politique à moyen terme et les écologistes feront de même quand ils accèderont au pouvoir. Les taux d'abstention, qui ne font que croître, montrent que de plus en plus de gens ont compris l'inutilité du prétendu débat public, dans nos "fausses" démocraties. Les analystes appelés maintenant "politologues" chargés d'intéresser le peuple aux enjeux politiques démontrent bien leur inutilité. Ils sont pourtant bien payés par les medias. Mais leurs discours convenus remplis de tautologie, d'évidences moralisantes et leur soutien idéologique favorable au fonctionnement d'une économie capitaliste moderne libérale plus ou moins teintée de keynésisme n'intéressent plus grand monde! Il reste toujours heureusement pour la survie des medias dits d'information quelques citoyens soucieux de savoir qu'ils soient de droite ou de gauche qui les suivent ou les écoutent encore; le partage d'influence est d'ailleurs bien connu: Cnews pour les gens de droite, Franceinfo pour ceux de la gauche social-démocrate et BFM pour la masse des bistros. Mais ces informations choisies, sélectionnées par les possesseurs des moyens financiers qui détiennent la quasi-totalité des medias servent de manipulation des masses à grande échelle.

Il faudrait analyser objectivement ces réseaux dirigeants d'influence  qui associent pouvoirs médiatiques et institutionnels. Les inamovibles spécialistes des commentaires qu'ils soient journalistes vedettes, statisticiens,  psycho-sociologues, experts de tout et surtout de rien participent à une grande  manipulation dite démocratique. Ils sont les technocrates publicitaires du spectacle politique en possèdant pratiquement le monopole de la parole. Ils s'admirent mutuellement et pourtant il devient de plus en plus évident que leurs paroles conventionnelles et soporifiques répétées flirtent dangereusement avec le néant, terreau du désenchantement contemporain. Les conseillers politiques des hommes du pouvoir sont nus et dévalorisés. Leurs recettes de plus en plus connues vont peu à peu ne plus fonctionner (déjà certains films démontrent la nocivité de ces méthodes "fines" de manipulation).

On n'a plus affaire à des débats d'idée mais à des choix de gestionnaire.  Les politiciens se veulent de bons, loyaux et fidèles gestionnaires  technocratiques d'un système que nul ne veut changer fondamentalement. L'idéal socialiste est mort; nos "démocrates" ne souhaitent que la possession d'un pouvoir en grande partie illusoire car ils ne sont que les représentants de ceux qui détiennent les leviers de la puissance financière et économique. Président, ministres, élus des assemblées européennes, nationales ou locales sont tous d'accord pour dire qu'il faudrait que le système fonctionne mieux avec plus d'écologie, moins de pollution. Ils s'étourdissent de leurs discours moralisateurs sur le respect des autres, des minorités dites visibles. Tous les partis veulent une présence importante des femmes au sein de l'espace public, des entreprises du CAC40 et même des autres. Et toutes ces belles âmes nous invitent à lutter contre les discriminations qu'elles soient machistes ou racistes "issus d'une colonisation" qu'il faut expier. Je caricature ce B, A, BA de la pensée contemporaine de l'évidence; c'est mièvre et abêtissant mais c'est le discours ambiant actuel.

Les gens de la culture sont les principaux protagonistes de ce qu'on ne peut qu'appeler l'idéologie dominante et la grande majorité des spectacles, des représentations, des films se doivent de valoriser l'image des "victimes et exclus" qui deviennent les héros de notre "merveilleuse société démocratique". De ces spectacles artistiques, dignes des bonnes âmes bigotes, seuls sont exclus les vrais révolutionnaires et prolétaires qui luttent agressivement et parfois violemment pour obtenir reconnaissance, bien être et justice, pour ceux qu'on appellera encore longtemps prolétaires, les misérables exploités. Mallarmé, Rimbaud, les surréalistes et autres révolutionnaires de la pensée et de l'agit-prop sont remplacés par une intelligentsia culturelle bien intégrée. Les artistes humanistes deviennent les meilleurs alliés des puissants, et des dirigeants qu'a choisis, en dernier recours, l'oligarchie dominante. Le président actuel, Macron, en est le symbole parfait. Quasi inconnu en 2016, il devient la personnalité en vogue des media, sorti et choisi par un des réseaux "de l'ombre" parmi ceux qui dominent  et gèrent le quotidien de notre société libérale du spectacle. Avec l'argent de l'oligarchie, Macron qui n'a aucune vision ni projet à l'exception du slogan de "la start up nation" fonde en quelques semaines, un parti où dominent les jeunes cadres dirigeant(e)s (presque tous interchangeables avec leurs gueules et leur allure de  "bébés cadum" privilégiés). L'argent venu des possesseurs de la richesse réelle coule "à flot". Beaucoup des cadres technocrates recrutés par le parti macroniste sont élu(e)s souvent  triomphalement en 2017, à l'Assemblée Nationale pour gérer le pays comme une entreprise. Ce sont les "tristes" membres de cette direction des ressources humaines qui devaient renouveler dans l'esprit de beaucoup de "veaux tants" le "cheptel politique alors que quelques seconds couteaux des partis socialistes, républicains ou centristes avaient déjà senti le "bon coup" pour se faire élire et souvent devenir ministres. Ces élections ont bien montré que la politique est actuellement pratiquement le domaine réservé d'experts et conseillers politiques associés aux "artistes", aux "faux" journalistes et aux vrais publicitaires. Et il y a encore des gens qui croient aux vertus démocratiques!

Grâce à cette "manipulation" que n'aurait pas désavoué "de bons truands", notre pays est en pointe de l'évolution idéologique en ayant à sa tête une des Nouvelles idoles de l'image lisse qui tient lieu de peinture idéologique de la société occidentale. Issu comme la plupart des membres de son parti de l'oligarchie financière, bureaucratique et technocratique, Macron est vraiment symbolique de cette caste qui se prétend humaniste, tolérante, progressiste mais qui tient avant tout à maintenir son pouvoir et la possession de la puissance représentée par la propriété des biens financiers, fonciers et mobiliers. Les élus du parti présidentiel, les ministres sont les protecteurs de cet ordre du Capital, garants de la hausse continue des revenus substantiels de dirigeants qui ont mis en place cette dynamique et jeune "mafia" politicienne, en sortant cet énarque inconnu de l'anonymat qui aurait dû être son lot. Venu de la haute fonction publique après avoir été un cadre dirigeant bancaire, Macron est le parangon de cette caste. Sans réelle idée et même conviction, il est certainement très compétent pour représenter l'image nouvelle du progressisme libéral, le monde nouveau auquel songent les consommateurs avides de posséder des produits de luxe et de participer au spectacle dominant tant au niveau du quotidien que des loisirs. Quant aux  "pauvres" petits bourgeois qui constituent la majorité dans nos pays, ils admirent, comme dit Cavanna, les riches et ne rêvent que d'accéder à leur statut de consommateurs privilégiés. C'est devenu le désir principal de la plupart des membres de ce peuple matérialiste de moins en moins cultivé, de plus en plus inculte et aliéné à la possession de biens dits de  distinction. C'est cette existence réifiée que les dirigeants des pays dominants de l'Occident veulent proposer aux masses misérables des autres continents. Mais, comme souvent, les contradictions et les craintes de la petite-bourgeoisie de perdre quelques avantages  sont telles que beaucoup rejettent les immigrés pourtant si nécessaires pour le bon fonctionnement d'une société où il y de moins en moins de manuels que ce soit dans la production physiquement épuisante ou dans les services à l'hygiène ou à la personne etc.

Les intellectuels les plus sensibles à la perte de repère et de valeurs dans nos démocraties s'inquiètent de la perte des valeurs démocratiques et essaient de ressusciter un prétendu danger fasciste mais leur discours ne convainc plus grand monde. Le souvenir des années 1930/ 1940  s"estompe et on fera difficilement croire au peuple d'aujourd'hui que Marine Le Pen est un danger pour la démocratie comme le furent Mussolini ou Franco. Les propositions politiques et les comportement du Rassemblement National n'ont rien à voir avec ceux des représentants des fascismes d'avant la deuxième guerre mondiale. Plus simplement, ce parti est la pointe la plus idéologique d'un programme économique et social de priorité nationale qui s'accorderait complètement avec le système actuel même si la fraction dominante internationaliste et libérale de l'oligarchie dirigeante fera tout pour empêcher l'accès au pouvoir de Marine. C'est l'ambiguité de l'anti-fascisme: en dernier recours, il apporte son soutien au capitalisme trans-national. Quant au débat politique apparent, il consiste à être plus ou moins écolo, antiraciste, féministe ou favorable aux revendications bi, trans queer. On s'y perd dans tous ces néologismes d'apparence anglo-saxonne. En un mot, la politique nous ennuie et les institutions vieillissantes se délitent dans l'indifférence largement dominante parmi les masses.

Si de temps en temps, le peuple défile et manifeste sa colère, rien n'exprime l'idée, ni la possibilité d'un autre système économique. Les erreurs de Marx concernant le remplacement possible de la bourgeoisie par le prolétariat du fait de la succession des crises et l'incapacité pour le libéralisme de réguler production et consommation ont abouti à une impasse politique pour le mouvement ouvrier. Les experts de la science économique réussissent apparemment à éviter que les crises entraînent la paupérisation des exploités. En langage marxiste, le développement des forces productives n'est pas entré dans une contradiction "mortelle" avec les rapports de production capitaliste. Pire, dans les pays capitalistes dominants, dits occidentaux, la classe ouvrière qui devaient porter la révolution sociale s'est, en grande partie, intégré au système et veut avoir accès de plus en plus au bien-être matériel, ce qui est bien compréhensible. Malgré les prévisions de Marx, la grande industrie n'a pas supprimé les petites et moyennes entreprises; bien au contraire en Occident les structures économiques intermédiaires semblent se développer avec la société de consommation. Si la pensée économico-politique marxiste est mal en point, les évolutions semblent remettre au goût du jour, Proudhon. Plus proche des réalités concrètes, l'ouvrier qu'était Proudhon pensait plus en terme de synthèse que de lutte des classes. Il associait la petite propriété et les grandes entreprises à travers un système de copératives et de mutuellisme. Ne serait-ce pas un projet économique réaliste, juste et social à étudier pour l'avenir? 

Politiquement, la possibilité du changement de système économique est peu envisagée. Les plus radicaux de "La France Insoumise", LFI, veulent simplement améliorer le sort des plus précaires par des mesures sociales plus redistributrices et justes en donnant plus de pouvoir démocratique au peuple avec l'idée d'une sixième république à dominante parlementaire. Les rassemblements populaires sont bien encadrés par une bureaucratie de dirigeants politiques et syndicaux prêts à se partager le pouvoir, en alliance avec la fraction la plus progressiste de la caste dirigeante, si Macron et ses acolytes n'arrivent plus à contrôler la colère des dominés. Car la peur des puissants est toujours présente, comme on le sent en écoutant ou en lisant les journalistes tous, plus ou moins proches des puissants oligarques qui dirigent notre économie politique. Les gilets jaunes d'abord puis les manifestations de masse contre la nouvelle réforme des retraites inquiètent les puissants. Les images des quelques violences à l'encontre des lieux symboliques, des banques ou des magasins des centres villes sont diffusées en boucles par les chaînes de (dés)information. Comme toujours, la propagande bourgoise fait semblant de confondre la colère populaire contre l'injustice et la violence aveugle des voyous. Il ne faut pas nier que la colère, le désespoir peuvent entraîner certains à choisir la violence. Il y a, en l'être humain une part maudite qui l'entraîne vers l'excès du mal et la violence est le mal, au sens spirituel du terme. Quand on a vraiment l'idéal de partage, de justice et d'amour, on ne peut haïr donc on ne peut être violent. Il faut respecter tous les êtres: "il y a obligation envers tout être humain du seul fait qu'il est un être humain... Cette obligation est éternelle" (S.Weil "L'enracinement"). Une personne digne et responsable analyse une organisation sociale pour chercher à en comprendre les effets néfastes sur les individus mais elle respecte toute personne et maîtrise son agressivité. En outre, comme toute personne lucide et consciente le sait, ces groupes violents présents dans les manifestations sont infestés par des  indicateurs de police, utiles au pouvoir pour réprimer et restreindre de plus en plus les libertés publiques. Depuis la Commune de Paris, la politique des gouvernants est toujours la même: Il faut faire peur à la masse bourgeoise qui craint pour ses petits avantages financiers, ses placements, sa petite propriété.

Les dirigeants de la finance et de l'économie pensent fort justement qu'il "vaut mieux prévenir que guérir" et utiliser la violence des groupes autonomes, lors des manifestations pour maintenir les inégalités sociales et envisager si nécessaire des restrictions à la liberté de parole, de manifester et même de grève. La pensée pratique qui envisageait la fin du capitalisme est bien moribonde mais comme disait Rosa Luxemburg, il y a si longtemps, l'hydre du prolétariat fait toujours peur aux puissants de ce monde. CURIEUX, mais ils ont très peur d'un "déchaînement" de la violence car les plus conscients d'entre les puissants savent que les sociétés occidentales sont, en réalité, très fragiles intérieurement et extérieurement. "Une étincelle peut mettre le feu à la prairie", c'est de Mao que je n'apprécie guère mais il a pu écrire certaines vérités.

POSTFACE INTERNATIONALE: La guerre en Ukraine est-elle le début de la fin de l'impérialisme occidental, c'est à dire des Etats-Unis? Après la chute du mur de Berlin puis la faillite de l'URSS dont le principal responsable fut Gorbatchev (ce n'est pas un hasard si ce personnage est encensé en Occident et détesté en Russie), les dirigeants des USA ont voulu mettre au pas les oligarques  russes. C'est, en particulier, les groupes de pression de l'armée au Pentagone et les services de la CIA qui ont inspiré cette politique impérialiste. C'était sans compter sur la fierté slave des Russes qui ont réussi à retrouver avec Poutine une certaine souveraineté nationale. Les gouvernements américains se sont alors appuyés sur les pays qui avaient été soumis à l'ex URSS pour "ennuyer" la Russie. Les EU avaient gardé le souvenir des humiliations subies durant la guerre froide (Corée puis Cuba, Viet-Nam etc.). L'Etat qui n'a jamais existé d'Ukraine, créé de toutes pièces par l'Occident est alors devenu le "fer de lance" des politiques belliqueuses occidentales. Poutine a craqué et a envahi une partie du territoire ukrainien qui a toujours été russe. Il ne peut se permettre, en particulier, de laisser la Crimée à un autre pays. En Occident, personne ne tient à rappeler que cette frontière est totalement factice car c'est un héritage de l'Union soviétique qui englobait l'Ukraine comme une sorte de province soumise à l'état central soviétique. Le gouvernement américain et ses alliés de l'OTAN n'attendaient que cette intervention pour hurler et dénoncer une "odieuse agression,  une guerre impérialiste, le non respect du droit. Occasion rêvée pour les marchands d'armes d'accorder un soutien militaire massif à l'armée ukrainienne. Les armes livrés par l'Occident aux soldats ukrainiens choisis comme chair à canon risquent d'entraîner un conflit majeur qui pourrait déboucher sur un embrasement général. Pour l'instant, les Russes semblent ne pas vouloir généraliser la guerre mais tout est possible s'ils perdaient du terrain. Tous les Européens sont inféodés au "va-t-en-guerre" américain. Macron, inconscient, parfait suiviste occidental, malgré la politique traditionnelle de la France d'équilibre entre les deux blocs, montre bien son visage de pion du capitalisme libéral; des capitaux américains l'ont sans doute soutenu lors de sa prise du pouvoir "démocratique" en 2017/2002. Les medias, à la "botte" du pouvoir chantent tous la gloire des Ukrainiens et la prochaine défaite russe. Mais si on regarde les faits plus objectivement, on peut remarquer qu'à part les pays occidentaux et leurs affidés ( Japon, Corée du sud, Taïwan ex Formose), les autres grandes puissances ne se joignent pratiquement pas à la dénonciation de l'invasion russe. Ni La Chine, ni l'Inde, ni Le Brésil, ni l'Iran, ni mëme La Turquie d'Erdogan ne veulent condamner. Les Etats-Unis et les autres Occidentaux ont beau dénoncer une agression anti-démocratique, l'unité internationale ne fonctionne pas. Trop de dirigeants et peuple des pays soumis aux Occidentaux durant des décennies et parfois des siècles en ont assez de la domination impérialiste dissimulée sous les vêtements abîmés de la démocratie. Il semblerait que les Occidentaux, les pays qui ont dominé depuis au moins le 18° siècle, soient de plus en plus affaiblis économiquement (par la Chine mais pas seulement) mais aussi contestés au niveau politique. Il sera essentiel de suivre les prochains événements internationaux pour savoir si les Etats-Unis ne vont plus être les maîtres du monde et surtout s'ils l'accepteront. Ils pourraient alors devenir le principal danger pour l'avenir du monde.

20 juin 2021

Comprendre notre société

De notre époque médiocre, il ne restera que peu de choses dans le domaine de la pensée. Les gens de gauche n'ont fait que répéter les critiques déjà faites entre les deux-guerres par l'avant-garde artistique et alors que la bourgeoisie progressiste promouvait une société hédoniste du plaisir individuel, les intellectuels en restaient à la critique des notables des films de Maigret ou de Claude Chabrol. Ces prétendus penseurs d'un socialisme démocratique ignorent délibérément les critiques radicales de la société marchande et particulièrement "l'Internationale Situationniste" dont on ne peut se peut se passer si l'on veut analyser notre société capitaliste contemporaine. Le livre de Guy Debord "La société du spectacle" est plus que jamais la référence pour comprendre un tant soit peu notre monde. Que dit d'essentiel Guy Debord?

- Nous sommes passés d'une société de la propriété et de l'avoir à une société du spectacle, de l'apparence et du paraître. Le monde soumis au capital se donne à voir dans le spectacle que ce soit dans la publicité, la culture, les prétendues polémiques et paroles des moralistes des medias. Seule compte la consommation que les images et discours contrôlés par les oligarchies qui se partagent le réel pouvoir nous imposent. Il faut évacuer la critique réellement révolutionnaire et regarder les images et écouter les discours stéréotypés. Ce sont toujours les mêmes qui contrôlent l'appareil productif, financier et les marchandises mais ils dissimulent leur pouvoir en contrôlant les  moyens de communication qui transmettent l'essentiel de l'idéologie dominante sous le couvert du paravent démocratique. Les situationnistes furent les premiers à comprendre que les bureaucrates des pays socialistes n'étaient pas une nouvelle classe supérieure à notre bourgeoisie privée mais que cette bureaucratie démontrait le retard du développement économico-politique de ces régimes. 

Dans la société du spectacle, l'ouvrier n'est plus considéré comme producteur mais comme collaborateur et comme consommateur de produits, de tourisme et de culture spectaculaire. La culture devient la valeur fondamentale de distinction et concerne tous les éléments de la vie, à commencer par l'apparence de chacun. Il faut évacuer le négatif, la lutte des classes, pour que les individus s'intégrent dans ce moule unique qui paraît pourtant divers dans ses représentations visuelles et ses icônes médiatiques. Les situationnistes ont su que la vieille classe ouvrière comme la bourgeoisie conservatrice, figée sur ces privilèges, disparaissaient, emportées par le tourbillon d'une société capitaliste où le plaisir et surtout la consommation deviennent le principal critère de progrès. Les ouvriers et paysans auparavant si fiers d'être des producteurs ont honte d'eux-mêmes et ne rêvent que de se fondre dans la classe dite moyenne. Dans nos pays, où l'automatisation technique se généralise, le secteur tertiaire domine et impose des normes de tolérance démocratique et de paix sociale. Les situationnistes, ont compris que la classe ouvrière n'était plus le prolétariat qui exprimait les contradictions de cette société de classes. Ils ont pensé trouver dans les révoltes des ghettos noirs de Chicago ou dans les luttes des étudiants au Japon et en Europe, des années 60, les nouveaux prolétaires car malgré l'idéologie progressiste, cette société du spectacle génére les oppositions violentes de tous les exclus du système de production, de consommation et d'échange. Loin de Marx et de son rejet du lumpenprolétariat, c'est en lui que Guy Debord pensait trouver la classe du changement qu'il définissait ainsi: "tous ceux qui n'ont aucun pouvoir sur leur vie et qui le savent". 

L'évolution historique a souvent donné raison aux "situs" comme on disait en 68 (l'Internationale Situationniste se dissout à ce moment-là) mais leur espérance en un nouveau prolétariat est bien décevante. La société du spectacle fait rêver bien des misérables qui parfois se révoltent mais la violence de ces exclus du système démontrent souvent leur envie désespérée de participer à la société du spectacle qui impose la norme d'une société d'individus tristes et névrosés par la peur des autres et de l'avenir. 

20 juin 2021

LE NOUVEAU FASCISME

 Georges Sorel, auteur de "Réflexions sur la violence"développe l'idée pertinente que les masses populaires ne se mettent en mouvement que quand elles sont conquises par une idée transcendentale c'est à dire un mythe qui les incite à agir et même à se sacrifier.

Georges Sorel fut un des premiers penseurs qui introduisit la pensée marxiste en France. Influencé également par la philosophie bergsonienne, il explique que toute évolution sociale ne peut avoir lieu sans une idée, un mythe qui entraîne les grands bouleversements, changements et transformations des individus. Le christianisme des origines, l'islam des 7° et 8° siècles, le luthéranisme puis le calvinisme au 16° siècle sont des exemples choisis par Sorel pour valider cette théorie des mythes comme force primordiale qui, dans la suite des événements historiques, créent les ruptures déséquilibrant des sociétés en crise morale, spirituelle et économique. Homme de la fin du 19° et du début du 20° siècles Sorel se réfère également, bien évidemment, à la "philosophie dite des Lumières" pour justifier sa thèse en tant qu'élément essentiel de compréhension de la révolution française.

Opposé au socialistes soucieux d'accéder au pouvoir dont Jaurès est le représentant symbolique, Sorel pense trouver la force idéologique qui permettra l'expression de la révolution prolétarienne par le mythe de grève générale qui était l'idéal des syndicalistes révolutionnaires de la CGT, dont les anarchistes étaient les principaux dirigeants. Ce mythe, ancré dans une lutte des classes résolue donc violente, devait s'achever par la victoire de la classe ouvrière, le jour où les ouvriers dont la conscience se forgeait par les affrontements sociaux, s'empareraient des moyens de production, d'échange et de consommation. Le livre "Réflexions sur la violence" est une suite d'articles et l'auteur constate, pour le déplorer, que tant la bourgeoisie progressiste que les dirigeants socialistes réformistes réussissent par leurs arrangements et les lois sociales à conserver leurs principaux pouvoirs et il est vrai que maintenant le mythe de la grève générale n'est plus qu'un souvenir nostalgique d'une époque de misère et d'obscurantisme

Néanmoins reste cette idée de mythe comme force motrice de l'histoire. Je pense qu'à notre époque la disparition d'un mythe fédérateur des opposants au système (capitaliste puisque certains font semblant de ne pas comprendre ce qu'est "le système") empêche toute perspective de changement réel. C'est par la croyance au mythe léniniste de "l'Etat socialiste" que des milliers de personnes se sont sacrifiés dans les résistances contre les fascismes etc. Aucun mythe, dans nos pays occidentaux , actuellement, n'entraîne les prémices du moindre changement. Peut-être, est-ce mieux ainsi mais c'est la certitude que le capitalisme a bien installé son idéologie consumériste. Il n'y a plus d'idée révolutionnaire mais des révoltes qui entraîneront certainement la barbarie d'une société technologique sécuritaire à "visage humain" . LE NOUVEAU FASCISME.

 

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18 juin 2021

"la grande peur des biens-puissants"

La grande peur des puissants, c'est l'irrespect exprimé par un nombre de plus en plus important de nos concitoyens vis à vis de leurs personnes. C'est le mépris que le peuple attache aux privilèges dont ils bénéficient institutionnellement. Leur grande peur, c'est l'abstention massive qui prouve que les gens ne sont plus dupes de leurs prétendues qualités, de leurs "fausses" oppositions apparaissant pour ce qu'elles sont: la recherche de la meilleure manière de gérer une société vraiment injuste.

 Un président giflé, des notables insultés ou menacés et voilà tous les "biens pensants" qui s'offusquent de la violence de certains individus. La condamnation est unanime parmi les notables, de droite comme de gauche:"Les bourgeois démocrates ne peuvent accepter de tels comportements, de telles attitudes qui méritent d'être chatiés sévèrement par les représentants de nos institutions judiciaires." Effectivement, le "pauvre homme" qui a giflé légèrement un président a été immédiatement jugé et condamné (aucun avocat de renom ne l'a défendu) car rien n'est pire pour l'oligarchie dominante qu'un symbole du pouvoir soit rejeté et surtout humilié. Il faut que le peuple reste dans l'admiration et le respect des puissants qu'il s'est choisi démocratiquement comme ils disent. C'est la raison pour laquelle, ils ont tous eu peur du mouvement des "Gilets Jaunes" sans représentant officiel. C'était la pire chose pour la "mediocratie" dirigeante: la révolte populaire qui rejette tout le système en bloc sans revendication bien précise. Cela rappelait "la grande peur" des aristocrates en 1789 quand se révoltaient les paysans ou "la Commune" de 1870 et même 1968.

Les media ont parlé de la confusion des "gilets jaunes, des débordements parfois violents, du peu de considération pour l'économie et les pauvres commerçants de Centre-Ville qui ne pouvaient plus vendre leurs marchandises etc. Tout était utilisé pour dévaloriser un mouvement réellement populaire tant dans sa composition que dans ses actes. Il fallait d'abord déconsidérer le mouvement puis ses leaders pour ensuite redonner la parole à ceux qui ont le pouvoir. La manoeuvre classique a fonctionné à merveille avec un président énarque dont c'est le métier de calmer les personnes qui protestent ou défendent leurs droits et leurs emplois. Lors des grèves, ou des mouvements de protestation, les cadres, dont il est un des meilleurs, formés par la haute administration savent attendre pour "calmer la colère".Ils ont appris la psychologie comportementaliste et surtout ils savent manier le discours du système avec l'accord des dirigeants syndicaux et politiques (de gauche le plus souvent) qui, eux aussi, ont intérêt à consolider leur main-mise sur les masses par la négociation. Ce sont ces oligarchies qui ont le pouvoir, le principal dans la démocratie dite représentative étant ce pouvoir de la parole. Ce n'est pas un hasard si des medias dits d'information multiplient les rencontres et débats avec les dirigeants politiciens, syndicaux, économiques...C'est la fausse démocratie qu'aime tant les "médiocres intellectuels"qui dépossède réellement le peuple de la réalité du pouvoir.

 

19 mai 2021

Ma retraite littéraire

J'ai manqué de contact avec la culture. J'ai commencé à travailler à 19 ans et mes études universitaires consistèrent à suivre les cours le samedi ou certains soirs après le travail. Il y avait aussi parfois la radio universitaire mais tout cela était très aléatoire et dépendait des contraintes de mon emploi du temps et de mes engagements politiques et syndicaux. Par la suite, la séparation avec ma femme me laissa "sur la paille" et je dus jongler entre mon travail, mes enfants qui étaient le fondement sentimental donc essentiel de mon existence et des ennuis financiers que je dissimulais. Alors, j'ai lu mais vite et mal, parfois pour me détendre mais surtout pour essayer de comprendre le monde qui m'entoure. La retraite fut une libération et même si, dans un premier temps, je m'engageais dans des associations (liaison école/entreprises; Maison de l'Europe) et même en politique, au Parti Radical, par l'intermédiaire d'une amie proche de Jean Louis Borloo, je suis devenu un boulimique de lecture de toutes sortes. La lecture est devenue un des buts de ma vie tant pour analyser la société que pour m'instruire et surtout trouver en moi le bonheur; bonheur et compréhension induits par la lecture nous rendent plus aptes à devenir plus généreux donc plus sage. Je regretterai de n'avoir vraiment eu le temps de ne m'instruire qu'à ma retraite car si la lecture change ma perception des "choses de la vie", elle n'entraîne pas un effet sur l'action de l'homme dans la société. Lire et agir sont le propre de la jeunesse qui est engagée concrètement dans le monde; les retraités regardent et observent avant de sortir...

Peu à peu j'ai abandonné les livres économico-poliques. Les économistes de gauche (Thomas Porcher, Thomas Piketty)) comme les autres sont bien décevants et se répètent. L'économie est vraiment une non-science, comme nous nous en apercevons maintenant, à la fin du 3° confinement de "l'épidémie" dite du ou de la COVID. Les économistes n'ont aucune certitude et leurs théories évoluent suivant les circonstances. On constate maintenant que ceux qui se proclamaient libéraux et qui disaient que les dépenses publiques et la dette nous ruinaient sont maintenant devenus des keynésiens convaincus. Seules les thèses de Christophe Guilly sur la France périphérique me semblent apporter une vision novatrice et pertinente pour l'analyse de notre société libérale mondialisée.

J'ai été fort déçu également par les livres historiques; j'en avais trop lu sans doute. Le pire est certainement "les Gauches Françaises" de Jacques Julliard. il est évident que cet historien chroniqueur utilise les faits et choisit certains événements pour justifier ses thèses; Julliard aime les partis socialistes réformistes et surtout leurs leaders; il a horreur de la violence révolutionnaire qui a pourtant permis la plupart des conquêtes sociales et politiques et il se sert de faits historiques sélectionnés pour justifier sa thèse souvent anchronique.  Le livre de Max Weber, par contre, "Ethique protestante et esprit du capitalisme" cherche à découvrir sous les événements et péripéties le mouvement des idées et des structures sociales. Malgré la difficulté du sujet, il nous fait réfléchir comme le fait Marx dans "les guerres civiles en France" et "le Manifeste".

La lecture sociologique de Bourdieu et ses concepts de capital culturel et social m'ont conduit à la philosophie. Le vulgarisateur Luc Ferry ou le livre "le monde de Sophie" rédigé pour les débutants sous forme de roman à clé m'ont permis d'appréhender la philosophie qui m'a véritablement passionné. J'ai même participé trois ans à un café philo. Je suis "entré en philosophie" par les deux piliers de la pensée rationaliste: Platon et sa théorie du monde des idées séparées du monde sensible et son contradicteur, Aristote, théoricien de la connaissance des choses par leur forme directement accessible à l'intelligence par les perceptions de nos sens. C'est à partir de "La République" de Platon que les questions éthiques m'ont intéressé avec le stoïcisme (Epictète et Marc Aurèle) et l'épicurisme (Lucrèce). Kant et Spinozza ont fortifié mes réflexions. Le second ("Dieu c'est à dire la Nature") qui fait de l'homme un attribut totalement déterminé de la divinité nous invite à utiliser notre raison pour réaliser notre liberté éthique dans la joie de comprendre. "La sagesse n'est pas une méditation de la mort mais de la vie" (Spinozza). J'ai retrouvé avec plus de force et de dynamisme cette puissance et cette volonté d'être à travers Nietzsche qui renverse toutes les idoles et "forces de mort". Sa critique des dogmes moraux et des religieux dont le pouvoir repose sur l'idéologie de la prétendue faute humaine et de la dette vis à vis de Dieu est la meilleure lecture que l'on puisse conseiller à un jeune à la recherche de la puissance par l'action volontaire. La pensée de Nietzsche est vraiment une invitation à réaliser sa puissance de création face à tous ceux qui incarnent le pouvoir nihiliste qui nous déposséde de notre vie authentique. J'ai trouvé dans les écrits philosophiques  malgré leurs diversités et contradictions, une sorte de réel bonheur. Il me semble certain que l'esprit humain est bien déterminé par des contraintes tant naturelles que sociales et le COMPRENDRE, c'est essayer de maîtriser ces déterminismes pour aller vers la liberté personnelle basée sur une certaine forme de scepticisme individualiste qui n'exclut pas l'amour de la création plus que des êtres humains.

Puis il y a eu cette interprétation d'Hegel par d'Hondt qui m'a permis d'affiner mes relectures de Marx où se trouvent, me semble-t-il, une part de la Vérité sociale. Les explications de la prodigieuse Rosa Luxemburg, de Lukacs, de Korsch, et surtout de Mattick démontrent la pertinence du matérialisme dialectique comme fondement invariant de mouvement de nos sociétés. Je reparlerai de Georges Sorel ("réflexions sur la violence") et surtout de Guy Debord ("la société du spectacle") qui ont, me semble-t-il, adapté la pensée marxiste aux réalités de notre temps. De mai 68, la pensée situationniste sera une des rares choses qui restera comme critique radicale de notre société capitaliste.Tous ces textes et analyses, je les ai résumés dans des cahiers qui, j'espère, serviront peut-être à un membre de la famille.

Plus les lectures s'enchaînaient, plus se posait la question du sens. Georges Bataille et la notion de dépense d'énergie co-extensive de toute société humaine, Mircea Eliade, "le profane et le sacré" furent les révélateurs de la "spiritualité" qui fait que tout homme s'interroge sur les rapports mystérieux qui le rattachent à l'univers. Les lectures et relectures des poètes comme William Blake, Höelderlin, Rimbaud, Mallarmé, Char, Reverdy, Breton et même Aragon abordaient ses rivages inconnus où pensées, sensations et émotions dévoilent le sens de la vie au double sens du terme. J'ai toujours des difficultés à percevoir la magie de la langue poétique  mais Novalis, le plus lumineux, m'a conduit sur le chemin de la recherche spirituelle. Comment ne pas être fasciné par les mystiques Saint Jean de La Croix ou Thérèse d'Avila quand ils accédent à ces illuminations indescriptibles et que l'on ne peut sentir que divines. Dans la grande littérature, se retrouvent ces chemins de l'espérance ou de l'angoisse désespérée. Dostoievski est cet écrivain de l'absolu où les combats dans l'âme des personnages transcendent leur quotidien et modifient leur vie vers le Mal ou le Bien. Le philosophe de ces affrontements spirituels au fond de notre être est, sans conteste, Kierkegaard dont la lucidité désespérée fut un choc pour moi. Bergson ("les deux sources de la morale et de la religion") puis Teilhard de Chardin ("Hymne de l'Univers") m'ont introduit dans ce nouveau monde, celui de la spiritualité qui est recherche en soi par la perception intime de la réalité d'une unité fondamentale dont parlait les néo-platoniciens tel Plotin. Bachelard (philosophe issu du peuple donc un peu ignoré et méprisé) nous invite à découvrir dans l'imagination symbolique et dynamique des 4 éléments un moyen d'accéder à cette joie souveraine que nous atteignons dans la contemplation des merveilles du monde. Il me semble que se rejoignent par la spiritualité les civilisations occidentales et orientales. Bouddhisme, taoisme, ou soufisme cherchent comme les mystiques chrétiens l'apaisement qui est acceptation, observation et accueil d'une Vérité qui dépasse la vie humaine.

Ces dernières années j'ai aussi lu quelques auteurs étrangers. Faulkner m'a peu intéressé, Virginia Woolf est trop bourgeoisie intellectuelle britannique. Je n'adhére pas à son spleen languissant ni, dans un autre registre, à la prétendue provocation d'Albert Cohen, dans "Belle du Seigneur", critique du romantisme finalement très convenue. Il a fallu que j'arrive à l'âge de la retraite pour que j'apprécie vraiment la littérature française. Les  "Contes du Graal","Tristan et Yseult", "le Roman de la Rose" ont le charme du passé et du bonheur d'un amour impérieux, au-delà du temps et de l'espace. Rabelais m'a ravi par son exubérance si communicative qu'on se réjouit de vivre en sa compagnie. On ne peut que rire "à gorge déployée" quand il se moque des conventions hypocrites et de la bêtise humaine . Et puis il y a cette langue au vocabulaire plein de saveur et d'odeur. La Renaissance, comme le Moyen-Age, c'est à la fois le matérialisme le plus trivial et l'idéalisme le plus éthéré, à la recherche de notre lumière intérieure. Plaisir de lecture poursuivi avec Marguerite de Navarre, soeur de François I° ou Brantôme. Montaigne est sans conteste un des plus grands. On goûte la saveur du verbe et la verdeur naturelle de sa langue mais il est surtout le grand penseur moraliste, à la fois stoïcien dans sa vie personnelle et sceptique vis à vis de la sagesse humaine. Il est le lien essentiel entre la pensée antique et le monde moderne. Pascal le commentera et sera celui qui montrera notre faiblesse humaine face à l'immensité du monde. Ces formules traverseront le temps et exprimeront toujours l'angoisse qui nous étreint face "aux espaces infinis". Nous avons peut-être trop entendu Molière et ces comédies vieillissent souvent mal mais le "Misanthrope" restera; de Corneille restera le conflit en soi, entre devoir, gloire et amour et de Racine on ne peut oublier le miracle de la langue, de la musique de la passion funeste... Mais du 17° il faut redécouvrir vraiment "les Maximes" de La Rochefoucauld et surtout "Les Caractères" de La Bruyère. Vauvenargues et surtout Chamfort sont aussi des maîtres de pensée. Les aphorismes ou portraits de ces quatre sages devraient être la base de bien des réflexions de nos jeunes lycéens sur la société humaine, ses hypocrisies, mensonges et faiblesses. Au 18° Rousseau est maintenant bien ennuyeux sauf dans ces intuitions philosophiques ("De l'origine de l'inégalité", "le Contrat Social"). Voltaire est un feu d'artifice d'esprit, d'intelligence et de provocation. On devrait lire, à l'adolescence, "le dictionnaire philosophique" mais le meilleur de ce siècle, d'après moi, est Diderot qui pose les questions fondamentales avec humour et profondeur de pensée et de sentiment. "Le supplément au voyage de Bougainville" est un pur chef d'oeuvre d'intuition métaphysique, de rationalisme matérialiste, et d'ironie souriante. Diderot s'inspirera du désopilant mais touffu livre de Laurence Sterne "la vie et les opinions de Tristan Shandy, gentleman" pour écrire "Jacques le fataliste", qui servira de modèle, deux siècles plus tard, aux innovations littéraires que sont la distanciation brechtienne et le nouveau roman.

Du romantisme que restera-t-il? Le génie Hugo qui est la fin de la grande tradition poétique française partie de Villon et de Ronsard et qui s'achève dans cette apothéose appelée "Les Contemplations". Peintre des émotions, des sentiments, visionnaire, Hugo est le "voyant" imaginé par Rimbaud qui ouvre le chemin à toute la poésie contemporaine, c'est à dire entre autres aux "ailes de géant" de Baudelaire romantique et symbolique, à l'inventeur de la langue poétique Rimbaud et au larmoyant Verlaine nostalgique de "la musique avant toute chose". La voie était ouverte au recherche, souvent obscure du symbolisme de Mallarmé ou de Valéry et au mystère  bouleversant de l'amour fou des surréalistes. J'ai eu souvent des difficultés pour apprécier les grands romanciers tels que Balzac ou Zola car même si je reconnais leur puissance littéraire dans cette peinture presque scientifique de la société bourgeoise et  par l'acuité psychologique de leur "acide" regard d'écrivain, je trouve souvent de longs développements qui lassent le lecteur que je suis. Stendhal m'attire plus car s'ajoutent au roman "miroir" du monde" des personnages passionnés et amoureux. Quant à Flaubert, on ne peut qu'exprimer son admiration et les longueurs de "Madame Bovary" ne traduisent que les tristes langueurs de la "midinette" et de ses dérisoires et pauvres lectures romantiques et celles de "l'éducation sentimentale" que l'échec de la vie de l'anti-héros Frédéric Moreau. Face à ce 19° siècle, grande époque du roman, les écrivains comme Anatole France et bien d'autres sont bien oubliés Ils sont bien agréables à lire néanmoins ("le livre de mon ami", Poil de Carotte" etc.). Le "journal de Jules Renard" peut intéresser avec ses aphorismes "doucement" cyniques. Rien à voir avec les deux dynamiteurs du roman classique que sont Proust et Céline. Ce sont les deux phares de la littérature du début du 20° siècle. Le premier par ce style achevé qui fond prose, poésie, réflexion en un chef d'oeuvre d'harmonie et le second par l'invention d'une langue qui transforme le monde en chaos absurde et incohérent, avec ses fantoches égoïstes, cruels et odieux. Ils sont tous les deux les analystes de l'hypocrisie humaine autant masculine que féminine, populaire ou bourgeoise et aristocratique. J'ai lu bien d'autres auteurs contemporains et si je reconnais que Sartre et surtout Camus ont inspiré mes réflexions et engagements libertaires; je pense néanmoins que la grande période de la littérature française est achevée même s'il y a encore beaucoup d'écrivains de qualité. J'ai lu quelques livres récents: d'Ormesson, Houellebecque, Amélie Nothomb, Leila Slimani, Despentes, Delerm etc. Malgré leurs grandes différences tant sur les sujets que sur le style, ils sont souvent plaisants à lire, perspicaces voire caustiques mais il y a comme un manque de je ne sais quoi. Seul le temps dira ce qu'il restera.  

Tout cela pour dire que je suis un médiocre mais qui s'est efforcé de l'être en cherchant à se cultiver, prioritairement, pour m'améliorer et mieux agir dans ma vie personnelle et un peu dans mes engagements sociétaux. Il m'a manqué la lecture des classiques quand j'étais jeune. C'est un passage obligé pour comprendre ce qu'est la culture réelle. Plus tard, on n'a pas le temps et il nous manquera toujours les Maîtres qui vous dévoilent les formes et l'esthétique des grandes pensées. C'est, me semble-t-il, mieux que de se prétendre cultivé  en suivant les dernières modes de l'actualité artistique, en se précipitant vers les dernières nouveautés du spectacle puisque la prétendue culture est devenu le symbole représentatif de notre société marchande. Cet ersatz culturel actuel met, sur le même plan, un rappeur souvent illettré (ce n'est pas de sa faute!), un chanteur de variétés et un vrai poète, un "barbouilleur" à la recherche du scandale et un artiste à la recherche d'une esthétique novatrice, Fellini et le dernier film américain à gros budget. Cette culture événementielle est foncièrement méprisable. Et pourtant le public moutonnier se précipite car il faut "bouffer" de la culture. C'est par l'amour de la connaissance et par le désir de s'émerveiller que transmettent les purs artistes que nous progressons dans notre âme et dans notre rapport charnel, sociologique et spirituel au monde. "Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais par manque d'émerveillement". 

16 mai 2021

la politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde

J'ai bien aimé cette phrase de Paul Valéry. Autant quand il écrit de la poésie le "Maître sétois" est difficile à lire et est souvent si mystérieux qu'il en devient abscons (les métaphores et la musicalité de ces vers n'étant pas évidentes) autant ses aphorismes pessimistes, souvent proches de la pensée anarchiste me ravissent. J'aime également: "le chef est un homme qui a besoin des autres" et bien évidemment "la faiblesse de la force c'est de ne croire qu'à la force". 

A la fin de mon parcours de vie, j'ai conservé cette lucidité de la pensée anarchiste qui se moque et méprise tous ces gens de pouvoir qui veulent diriger les autres. C'est par faiblesse que les gens cèdent leur pouvoir à d'autres qui ne sont, en réalité que des profiteurs, souvent tellement imbus de leurs pauvres personnes qu'ils en sont "perturbés psychologiquement".

On peut penser que le pouvoir a d'abord appartenu à ceux qui excellaient dans les activités essentielles des communautés humaines vitales comme la chasse par exemple. Ce pouvoir fut lié, me semble-t-il rapidement, au pouvoir sacré de ceux qui entraient en relation avec  les "esprits" ou les dieux. Ce pouvoir des chefs de clans et sacrés séparé s'accrut avec les grands empires de l'antiquité. C'est une évidence de penser que pour mobiliser une masse importante de populations agricoles, l'organisation  impliquait une caste dirigeante appuyée sur le pouvoir intellectuels des scribes qui en constituaient la structure administrative. Les chefs militaires nécessaires à la protection de ces empires constituèrent, eux aussi, une puissance dominante par rapport aux producteurs qui constituaient l'immense majorité de la population. Les dogmes religieux étaient le ciment idéologique de ces débuts de division du travail et de séparation des hommes en classes sociales. Au sommet le pouvoir impérial ou royal considéré comme divin soutenu par la caste des religieux et une armée puissante (et souvent dangereuse pour le souverain???). Je ne vais pas refaire toute l'histoire humaine sur des présuppositions qui demandent à être vérifiées mais je pense que Marx a raison quand il affirme que c'est l'infrastructure économique qui, en dernière instance, explique l'évolution incessante, le mouvement et les rapports entre classes sociales: société antique esclavagiste puis société féodale, société monarchique et maintenant société bourgeoise libérale... Mais une société sans classe est-elle possible? 

Bien que les évolutions sociales et techniques soient prodigieuses, le pouvoir séparé des dirigeants se maintient dans toutes les sociétés. Et pourtant, nous avons atteint un stade d'évolution intellectuelle qui permettrait peut-être de penser une  révolution morale et politique qui changerait les rapports humains. Economiquement, je peux comprendre que dans des petites et moyennes entreprises ou petites structures publiques, la compétence, l'intérêt et l'investissement de certains justifient qu'ils dirigent mais dans l'appareil productif global, la complexité, la revendication de responsabilité sociétale me paraissent impliquer des idées de gouvernance démocratique, directe, coopérative et même autogestionnaire. C'est encore plus pertinent dans le monde politique et institutionnel où c'est une tautologie de constater l'inefficacité, l'inutilité quand ce n'est pas la nullité de nos dirigeants.

Alors? il y a d'abord la faiblesse et l'indifférence du plus grand nombre de dits "citoyens" qui préfèrent laisser les responsabilités à d'autres pour vivre tranquillement. C'est ce que La Boétie a appelé "la servitude volontaire". Puis il y a l'envie de certains  de posséder le pouvoir: c'est leur idéal de vie. C'est le cas de la plupart des politiciens, des vrais et faux intellectuels, de cette oligarchie qui tient les moyens de communication moderne. S'il leur fallait choisir entre le pouvoir et l'argent, la plupart opterait pour le pouvoir. Et pour cela tout est bon: ambition, flagornerie dans le réseau qui doit favoriser l'accès aux cercles dirigeants. Hypocrisie totale, envie dissimulée derrière le visage de la respectabilité, réalité de la lutte de tous contre tous, telles sont les pratiques de ces thuriféraires de la morale universelle. Ils sont bien pitoyables et ne devraient susciter que le mépris au lieu de l'admiration de nos concitoyens.

Il y eut pourtant à la fin du 19° siècle le socialisme qui, au départ, se disait émancipateur et désirait détruire le pouvoir de dirigeants politiques soumis et alliés aux possesseurs capitalistes des moyens de production et aux banquiers investisseurs. Les socialistes désiraient mettre fin au pouvoir politique, en tant qu'entité séparée de la population. Les anarchistes comprirent très vite que ce n'était qu'un leurre pour certains "professeurs" d'accéder à leur désir le plus profond d'être les "chefs" de masses populaires utilisées comme une sorte d'armée obéissante qui leur permettrait d'accéder au pouvoir d'Etat. Georges Sorel, l'auteur du merveilleux "réflexions sur la violence" l'écrivait dès 1905: "les socialistes parlementaires se figurent que tout le socialisme se ramène à la recherche des moyens d'arriver au pouvoir...il leur convient qu'il y ait une certaine agitation mais il faut qu'elle soit contenue en de justes limites et contrôlée par les politiciens." Tout est dit et la démonstration se poursuivra en dévoilant que la gauche "mondaine" et parasitaire fait tout pour empêcher que se constitue l'organisation autonome populaire qui seule pourrait changer le monde. La gauche dite réformiste de notre époque a été l'idiote utile et en grande partie consciente de l'individualisme consumériste voulue par la logique du système économique capitaliste libéral. Elle a imposé l'idéologie de base de notre société qui transforme les citoyens en individus satisfaits de leur statut, soucieux de leur apparence de bons consommateurs et dont les rêves sont d'accéder au paradis des vedettes du spectacle.

Mes enfants, braves gens, méfiez-vous toujours des beaux parleurs, des orateurs, des dirigeants prétendument "charismatiques", ils portent en eux le pouvoir maudit de l'égoïsme et le poison du mépris du peuple. La sagesse et la beauté sont en soi. Nous sommes peut-être des médiocres mais en tant que personnes conscientes, toute la richesse du monde est dans nos mains, nos âmes et nos coeurs, ne la cherchez pas ailleurs. 

9 mai 2021

Vers la fin de l'alibi démocratique

Le rituel de la République française devient de plus en plus désuet pour une grande partie de nos concitoyens. La médiocrité de l'oligarchie dirigeante est de plus en plus évidente.La roublardise des politiciens n'est plus à démontrer et fait partie depuis les débuts de la 3° république du "cirque" journalistique. Mais maintenant, les gens prennent de plus en plus conscience que les paroles des politiciens apparaisent pour ce qu'elles sont des leurres destinés à empêcher que les citoyens prennent véritablement en main leurs affaires. Les communicants politiques que sont devenus les dirigeants élus croient encore que leurs discours influencent le peuple. En réalité, leur jeu n'inspire plus que de la tristesse et de la pitié. Nul n'ignore que les places sont bonnes et pratiquement aucun de nos médiocrates ne songent à quitter le pouvoir et ses émoluments conséquents. En outre, non contentes d'être aptes à obéir aux désirs du réel pouvoir détenu par les "dirigeants" financiers et économiques, nos élites oligarchiques sont mauvaises, même pas médiocres et falotes, mais incompétentes face à un monde de plus en plus complexe qu'elles sont incapables de comprendre car notre économie repose sur un système absurde. Elles font semblant de maîtriser les situations mais elles sont dépassés par la réalité de sociétés en pleine déliquescence morale et spirituelle.

Peu à peu, les gens comprennent que les grands mots comme démocratie, laïcité, antiracisme etc. dissimulent la réalité du pouvoir d'une prétendue élite à la fois mondaine, médiatique, financière et politicienne. Le vieux système républicain s'est délité comme tout système soumis à l'entropie. Ce n'est pas les mots et paroles des détenteurs du pouvoir d'Etat de ce début de 21° siècle qui vont changer ce lent pourrissement. Les cérémonies patriotiques, républicaines n'intéressent plus que l'intelligentsia compromise dans tous les totalitarismes historiques reconvertie dans le soutien aux puissants du libéralisme contemporain. Cette intelligentsia en grande partie social-démocrate et soutien du pouvoir actuel qui la "nourrit" est d'ailleurs fort justement méprisée par le plus grand nombre de gens. La gestuelle et les rites républicains ne provoquent au mieux que l'ironie du plus grand nombre de nos concitoyens. Il faut des événement meurtrier pour retrouver quelques élans patriotiques de brève durée émotionnelle. Ces moments de recueillement avec une "Marseillaise" obligatoire sont utilisés par les dirigeants pour essayer de redonner du sens à nos sociétés démocratiques. Il est quand même triste de rassembler le peuple uniquement après que s'est exprimée la violence meurtrière que ne peut enrayer une société technicienne et matérialiste dont les individus ne sont considérés que comme des consommateurs passifs et "bêtement heureux." 

Comme Pasolini, entre autres,  l'avait perçu, la seule chose qui intéresse maintenant les classes populaires, c'est l'accès à la consommation. Le philosophe italien avait bien analysé ce qu'il appelait la deuxième révolution industrielle (soutenu par la droite comme par les socialistes) qui a consisté à centrer toute l'économie sur la consommation en détruisant les communautés et cultures populaires. "La seconde révolution industrielle produit...des nouveaux rapports sociaux... Le nouveau capitalisme change l'humanité en faisant surgir un nouveau techno-fascisme qui se réalise à condition de s'appeler antifascisme". Les prolétaires pour le grand penseur et poète italien  "ont perdu leur culture, leur manière d'être, de se comporter, de parler, de juger la réalité. On leur a fourni un modèle de vie bourgeois (consumériste): ils ont été classiquemement détruits et embourgeoisés" (livre "les lettres luthériennes").

Nous voici, en 2021, face à un nouveau peuple qui ne croit plus en ces valeurs idéologiques communes qui ont causé tant de drames (guerres, violences...) ce dont on peut se réjouir, mais malheureusement si aliéné que rien ne permet d'espérer changer de monde. La demande populaire, c'est de toujours plus de consommation, de désirs à satisfaire même contre les autres individus. Tocqueville avait déjà perçu cette lente anomie des sociétés démocratiques. Si l'exigence de satisfaction individuelle est la seule base du contrat social, la collectivité est menacée. Dans notre société de consommation, où l'égalité n'est qu'abstraite, les révoltes des classes et communautés les plus précaires menacent la paix sociale. La demande de  sécurité devient la principale revendication des citoyens consommateurs avec la santé et le fantasme de "jeunesse éternelle". Pour la plupart des gens, sécurité et santé sont la base de leur soutien au système politique. Aux convictions idéologiques, succèdent la morale de l'intérêt individuel égoïste et d'une morale conformiste qui vise à maintenir le système économique actuel pour toujours...

 

 

 

 

29 avril 2021

prose

Aimer est-ce sortir de la médiocrité de l'existence pour atteindre le divin qui est en chacun de nous?
Par l'aimée, on atteint le plaisir au-delà du fini, à l'instant où esprit et sens fusionnent. L'émerveillement du désir accompli nous rapproche du divin.
La vie c'est la voir, sentir son souffle, le parfum de sa peau. Être au-delà dans dans cette perception de l'infini dans le flux du devenir et de l'espérance.



Assise sur le lit, blanche orchidée, la chemise de nuit ouverte sur la nuit de la peau, elle entoure de ses longs bras ses genoux pressés sur sa poitrine. Elle suit une mouche invisible de son tendre regard noisette. De son doux visage ovale je ne perçois que ses longs cils noirs qui battent la mesure d'un moment de
silence et de félicité. Ses doigts caressent son petit pied. Assis, en face d'elle, je vois frisonner l'ambre et la lumière de son corps. Son regard accroche enfin mon désir.

Elle ouvre alors ses lèvres, agite en riant ses fines boucles de jais. Jets d'eau, éclairs, éclats d'une cascade, elle est la joie. Elle croise
ses bras autour de son cou, ôte sa courte tunique, découvrant son ventre si plat et ses épaules rondes.

Elle se déplie, se couche mollement, elle est la corde de l'arc prête à vibrer.

 

Rester toujours ainsi... Impossible...On ne peut jamais atteindre l'idéal de l'amour qui est vertu totale. Les morosités quotidiennes, les gestes des mornes habitudes
nous envahissent, nous submergent et versent le poison de leurs tristesses.

Et puis il y a les vrais et faux amis qui imposent leur présence souvent intéressés. Et il y a aussi les pauvres ambitions et intérêts de ta médiocre existence de petits fonctionnaires.


Avec le temps, tu n'as plus rêvé d'elle. C'est normal. Maintenant, tout va bien, par la fenêtre tu distingues un grand pré vert en pente douce. Au fond, il y a une villa récente avec un escalier apparent qui conduit du garage au salon. Le silence est seulement troublé par le gazouillis des petits oiseaux. Un geai immobile
est perché sur un pieu bien droit autour duquel est fixé le fil électrique qui entoure une bobine de faïence blanche. Tu contemples la paix du monde.

texte 1991

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