Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
laviemédiocre
20 juin 2021

Comprendre notre société

De notre époque médiocre, il ne restera que peu de choses dans le domaine de la pensée. Les gens de gauche n'ont fait que répéter les critiques déjà faites entre les deux-guerres par l'avant-garde artistique et alors que la bourgeoisie progressiste promouvait une société hédoniste du plaisir individuel, les intellectuels en restaient à la critique des notables des films de Maigret ou de Claude Chabrol. Ces prétendus penseurs d'un socialisme démocratique ignorent délibérément les critiques radicales de la société marchande et particulièrement "l'Internationale Situationniste" dont on ne peut se peut se passer si l'on veut analyser notre société capitaliste contemporaine. Le livre de Guy Debord "La société du spectacle" est plus que jamais la référence pour comprendre un tant soit peu notre monde. Que dit d'essentiel Guy Debord?

- Nous sommes passés d'une société de la propriété et de l'avoir à une société du spectacle, de l'apparence et du paraître. Le monde soumis au capital se donne à voir dans le spectacle que ce soit dans la publicité, la culture, les prétendues polémiques et paroles des moralistes des medias. Seule compte la consommation que les images et discours contrôlés par les oligarchies qui se partagent le réel pouvoir nous imposent. Il faut évacuer la critique réellement révolutionnaire et regarder les images et écouter les discours stéréotypés. Ce sont toujours les mêmes qui contrôlent l'appareil productif, financier et les marchandises mais ils dissimulent leur pouvoir en contrôlant les  moyens de communication qui transmettent l'essentiel de l'idéologie dominante sous le couvert du paravent démocratique. Les situationnistes furent les premiers à comprendre que les bureaucrates des pays socialistes n'étaient pas une nouvelle classe supérieure à notre bourgeoisie privée mais que cette bureaucratie démontrait le retard du développement économico-politique de ces régimes. 

Dans la société du spectacle, l'ouvrier n'est plus considéré comme producteur mais comme collaborateur et comme consommateur de produits, de tourisme et de culture spectaculaire. La culture devient la valeur fondamentale de distinction et concerne tous les éléments de la vie, à commencer par l'apparence de chacun. Il faut évacuer le négatif, la lutte des classes, pour que les individus s'intégrent dans ce moule unique qui paraît pourtant divers dans ses représentations visuelles et ses icônes médiatiques. Les situationnistes ont su que la vieille classe ouvrière comme la bourgeoisie conservatrice, figée sur ces privilèges, disparaissaient, emportées par le tourbillon d'une société capitaliste où le plaisir et surtout la consommation deviennent le principal critère de progrès. Les ouvriers et paysans auparavant si fiers d'être des producteurs ont honte d'eux-mêmes et ne rêvent que de se fondre dans la classe dite moyenne. Dans nos pays, où l'automatisation technique se généralise, le secteur tertiaire domine et impose des normes de tolérance démocratique et de paix sociale. Les situationnistes, ont compris que la classe ouvrière n'était plus le prolétariat qui exprimait les contradictions de cette société de classes. Ils ont pensé trouver dans les révoltes des ghettos noirs de Chicago ou dans les luttes des étudiants au Japon et en Europe, des années 60, les nouveaux prolétaires car malgré l'idéologie progressiste, cette société du spectacle génére les oppositions violentes de tous les exclus du système de production, de consommation et d'échange. Loin de Marx et de son rejet du lumpenprolétariat, c'est en lui que Guy Debord pensait trouver la classe du changement qu'il définissait ainsi: "tous ceux qui n'ont aucun pouvoir sur leur vie et qui le savent". 

L'évolution historique a souvent donné raison aux "situs" comme on disait en 68 (l'Internationale Situationniste se dissout à ce moment-là) mais leur espérance en un nouveau prolétariat est bien décevante. La société du spectacle fait rêver bien des misérables qui parfois se révoltent mais la violence de ces exclus du système démontrent souvent leur envie désespérée de participer à la société du spectacle qui impose la norme d'une société d'individus tristes et névrosés par la peur des autres et de l'avenir. 

Publicité
Publicité
Commentaires
laviemédiocre
Publicité
Archives
Publicité